The Apartments

Écrire que The Apartments entretient une relation particulière avec le public français serait un euphémisme.

En 2015, Peter Milton Walsh, la plume et la voix du groupe australien, mettait fin à 18 ans d’attente en dévoilant sur le label Microcultures, No Song, No Spell, No Madrigal . Un album de deuil et d’adieu, déchirant à bien des égards, empreint surtout d’une beauté et d’une pudeur ineffables.

Bien avant, au mitant des années 80, un groupe d’étudiants organisait à Tours l’un des premiers concerts français de la formation. Hommage leur soit ici rendu. Les diamants noirs des Australiens sont devenus depuis de véritables compagnons de route. En 2009, le journaliste Emmanuel Tellier convint Walsh de remonter sur scène. L’histoire bégaye, parfois pour le plus grand bonheur de nombre d’entre nous.

L’enregistrement de In and Out of the Light , le septième album studio de The Apartments, débute à Sydney mi-2019 où résident Peter Milton Walsh et Eliot Fish (basse), et se parachève en début d’année, quelques jours avant le début du confinement en Australie. Entre temps en France (Natasha Penot et Antoine Chaperon) ou à Londres (Nick Allum), diverses pièces instrumentales furent enregistrées, pour finalement rejoindre les compositions.

Au fil de ces 8 titres, on accompagne des personnages qui, à la suite d’une perte ou d’un changement brutal, partent à la recherche de nouvelles voies et de nouvelles espérances. ’They drove on through the fading light. I’ll never leave you, that’s what I said, I’ll never leave you’ chante Peter Milton Walsh sur le titre final de ce nouvel opus. Tout est là. Éternelle mélancolie, éternelle élégance.

Peter Milton Walsh forme le groupe The Apartments à Brisbane en 1978, collabore avec The Go-Betweens en tant que guitariste alors qu’ils signent avec le label Beserkley Records, avant de quitter l’Australie pour rejoindre New York puis Londres quelques années plus tard. Il intègre la maison de disques anglaise Rough Trade et publie son premier album studio en 1985 « The Evening Visits … and Stays For Years ». New Rose publie « drift » en 1992 (réédité par Talitres en CD en 2010 puis en format vinyle fin 2017).


« The Return Of The Hypnotist » serait-on tenté de clamer haut et fort à l’occasion de cette ré-édition de « drift », second album des mythiques australiens de The Apartments.

En ce premier 45 tours de trois chansons (édité en 1979 sur Able Label, maison de disques créée par les Go Betweens), Peter Walsh dévoilait son univers fragile et sombre : ‘Help’, ‘Nobody Like You’, ‘Refugee’ titrait-il alors. Malgré ce parcours erratique et nomade (désillusions et abandons, obsessions et exigences) malgré ces passages derrière le rideau, depuis « the evening visits…and stays for years » (1985), premier long format écrit à Brisbane dans une usine désaffectée, les compositions de Peter Walsh ne nous ont jamais quitté.

The Apartments ne sont pas de retour, ils ont toujours été parmi nous. Et la poignée de dates françaises de Peter Walsh en 2009, entouré des membres du groupe 49 Swimming Pools (grâce à la passion et aux mots justes du journaliste Emmanuel Tellier) ne fait que confirmer cette impression.

Unanimement salué par la critique lors de sa sortie en 1993, écrit à Londres où Peter Walsh résidait alors, « drift » est une collection de perles noires inclassables, un chef d’œuvre intemporel, l’exceptionnelle classe d’un songwriter, le disque possédé d’un être blessé. Epuisé depuis de nombreuses années, il devenait essentiel de ré-éditer celui-ci. Cette version remasterisée propose également trois titres inédits (démos enregistrées sur cassette en 1986, ‘You Wanna Cry, STOP, I’m the Staying Kind’ composé en réaction à la rumeur du retour sur scène de Dusty Springfield, Peter voulant faire en sorte qu’elle puisse s’approprier cette chanson).

L’écoute de ces chansons dégage dix huit ans après toujours autant d’émotions. L’énergie et la fierté qui transpirent de ces compositions, la fougue habitée de ‘What’s Left of Your Nerve’ les rendent d’autant plus actuelles et inestimables.